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Le tabagisme et le vapotage, bien que différents dans leur mode de consommation, partagent des effets communs sur l’épigénome. Une récente étude révèle comment ces deux pratiques peuvent altérer la méthylation de l’ADN, une modification chimique impliquée dans la régulation de l’expression des gènes, et potentiellement favoriser le développement de maladies graves.

En termes simples, la méthylation de l’ADN peut empêcher la machinerie cellulaire de lire certains gènes, ce qui peut être important pour le développement, la différenciation cellulaire et même la prévention du cancer. Par exemple, une méthylation excessive ou insuffisante peut être associée à diverses maladies, y compris le cancer, où la méthylation anormale des gènes peut conduire à une expression génétique dérégulée.

Méthylation de l’ADN : un processus clé, mais fragile

La méthylation de l’ADN est donc essentielle au bon fonctionnement des cellules, mais un dérèglement peut entraîner des maladies comme le cancer, on en parlait déjà dans cette analyse d’un étude sur le vapotage.

Cette nouvelle étude s’est concentrée sur les jeunes adultes, en comparant les schémas de méthylation de l’ADN chez des fumeurs, des vapoteurs et des non-utilisateurs. Grâce à une technologie avancée de séquençage génétique (séquençage au bisulfite du génome entier), les chercheurs ont analysé plus de 25 millions de sites sur le génome, une couverture beaucoup plus large que les études précédentes, qui ne se concentraient que sur une fraction des régions génétiques.

Des altérations similaires entre fumeurs et vapoteurs

Les résultats montrent un chevauchement significatif des schémas de méthylation entre les vapoteurs et les fumeurs :

  • 46 % des schémas de méthylation identifiés chez les vapoteurs sont également présents chez les fumeurs.
  • Ces modifications concernent des gènes essentiels impliqués dans des voies biologiques associées au développement de maladies, notamment le cancer.

L’une des régions les plus touchées est le gène HIC1 (Hypermethylated In Cancer 1), un gène suppresseur de tumeur. Ce gène, altéré par la méthylation dès les premières étapes de la cancérogenèse, est déjà associé à des cancers et aux effets du tabagisme.

Le gène HIC1 : un biomarqueur potentiel


La méthylation du gène HIC1, détectée chez les fumeurs et les vapoteurs, pourrait servir de biomarqueur prédictif. Cette modification épigénétique spécifique implique l’ajout de groupes méthyle sur l’ADN du gène HIC1, un processus qui peut influencer l’expression des gènes sans changer la séquence de l’ADN lui-même. Ce gène est connu pour son rôle dans la régulation de la croissance cellulaire et la prévention de la cancérogenèse. L’observation de cette méthylation chez les personnes exposées au tabac, qu’il s’agisse de fumeurs traditionnels ou d’utilisateurs de cigarettes électroniques, suggère que le tabagisme et le vapotage peuvent laisser des empreintes épigénétiques durables sur notre génome.

Cette méthylation pourrait non seulement indiquer une exposition passée au tabac mais aussi servir d’outil pour identifier les individus à risque accru de développer un cancer ou d’autres maladies chroniques. Le fait que cette méthylation puisse persister longtemps après l’arrêt du tabac ou du vapotage met en lumière l’impact à long terme de ces pratiques sur la santé. En utilisant des techniques comme l’analyse de la méthylation de l’ADN à partir d’un simple échantillon de sang ou de tissu, il serait possible de cibler les personnes nécessitant une surveillance plus étroite ou des interventions médicales précoces. Cela pourrait améliorer la prévention et le traitement des maladies liées au tabagisme, en offrant une approche plus personnalisée de la médecine préventive.

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Cette découverte est d’autant plus importante qu’elle marque la première fois que cette altération est mise en évidence chez des vapoteurs.

Cigarettes électroniques : une sécurité relative

Les chercheurs soulignent que, même si les e-cigarettes contiennent généralement moins de substances toxiques et cancérigènes que les cigarettes traditionnelles, elles ne sont pas sans danger. Les effets épigénétiques observés remettent en question leur prétendue innocuité, surtout à long terme.

Cependant, les auteurs ne déconseillent pas totalement leur usage. Dans un cadre limité, les e-cigarettes peuvent constituer une aide temporaire pour arrêter de fumer. Mais l’arrivée constante de nouveaux produits sur le marché, souvent mal documentés en termes de composition, inquiète les scientifiques.

Vers une meilleure compréhension des risques

Cette étude offre des perspectives nouvelles sur les impacts du vapotage et du tabagisme sur l’épigénome, tout en appelant à une vigilance accrue. Les résultats renforcent la nécessité de surveiller ces pratiques, non seulement pour réduire les risques de cancer, mais aussi pour mieux comprendre leurs effets sur la santé globale.

Les chercheurs préconisent de poursuivre les recherches pour évaluer les dangers des nouvelles générations de produits de vapotage et approfondir les mécanismes sous-jacents à ces altérations épigénétiques.

Source: American Journal of Respiratory Cell and Molecular Biology Aug, 2024 DOI: 10.1165/rcmb.2024-0207OC Epigenomic dysregulation in youth vapers: implications for disease risk assessment

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